Les Dames du lac - Tome 2, Marion Zimmer Bradley
Synopsis : Grâce au roi Arthur et aux chevaliers de la Table Ronde, la paix règne enfin sur le royaume de Grande-Bretagne, paix cependant précaire. Une lutte sans merci continue d’opposer les fidèles de l’antique culte druidique de la Dame du Lac aux adeptes de la nouvelle religion chrétienne, prônée par les Romains. Seule la venue d’un héritier de la couronne pourrait consolider le trône et assurer l’avenir. Mais Morgane, prêtresse d’Avalon, Gwydion, son fils, né d’amour coupables avec le roi Arthur, Lancelot du Lac, fidèle chevalier de cœur de la reine Guenièvre, ont-ils encore une chance d’accéder aux lumières secrètes de la sagesse et de l’amour ?
Mon avis : J’ai retrouvé avec grand plaisir la plume de Marion Zimmer Bradley, que j’apprécie décidément beaucoup. Une chose est sûre, cette lecture change grandement de ce que j’ai l’habitude de lire. Pas de grand combat épique, pas de magie « magique ». Tout ici est ramené à la religion, à la foi. Toutes nos conceptions actuelles sont basées sur la tradition chrétienne, et je trouve fascinant de découvrir une autre civilisation, profondément opposée à ce qui nous a tous forgés.
Je pense que c’est une approche rafraichissante de ce qui est habituellement vu comme une épopée chevaleresque. Cela nous plonge au cœur d’un livre fait de rituels, de passions comme seules les idées peuvent en faire naître. Tout ne tourne pas autour de l’honneur, ni même de l’amour. Tout commence et finit avec la religion, les convictions de chacun. Si ceci fait l’intérêt du livre, je trouve que par ailleurs cela nous empêche d’adhérer complètement aux développements de l’intrigue. Cela rend les personnages lointains, inaccessibles. Ils n’ont pas comme préoccupation première leur propre bonheur, ni même celui de leur famille, mais un idéal plus haut, inatteignable, et surtout épouvantablement abstrait. Je pense que c’est ce qui rend ce livre un peu plat ; il n’y a pas d’enjeu réel, matériel.
Ces considérations métaphysiques ne m’ont pas empêchée de dévorer ce roman, en deux séances de plusieurs heures, à une semaine d’intervalle. La plume de l’auteur nous immerge dans ce monde fait de rites anciens, dans une ambiance de mysticisme profond parfaitement dépaysante. Il faut ajouter à cela les passions brûlantes de tous les personnages, lourdes de conséquences. Les pages défilent, nous tiennent en haleine par la force de l’écriture. Elles nous racontent des histoires de vie, de personnages profondément humains, craquelés de failles, forgés par leurs convictions ; bien qu’à mon goût celles-ci soient un peu trop abstraite.
Même si j’ai beaucoup aimé ce livre, je lui ai trouvé plusieurs défauts majeurs qui m’empêchent d’en faire un coup de cœur. Pour commencer, les évolutions des personnages, que je n’ai pas tout à fait comprises. Je m’étais fait d’eux une idée avec le premier tome, idée prouvée fausse dans celui-ci. Plus de 20 ans sont résumés en 320 pages, avec de nombreuses ellipses, et tout se déroule trop vite. Comment comprendre un personnage lorsqu’on ne connaît qu’une portion infime de ce qu’il vit ? En outre, la quête du graal occupe ici environ 50 pages, peu de place est donc laissée à la légende arthurienne en elle-même. On nous raconte les tenants et aboutissants de l’arrivée du Haut Roi sur le trône, puis sa chute, et rien au milieu. Ce sont les religions qui occupent toute la place. Au final, j’ai du mal à retracer les évènements qui mènent à la dernière page, au point que je me sois demandé si j’avais lu le second tome ou le cinquième, devant clore la saga…
En bref, un livre plein de qualité, écrit par un auteur ayant une plume très plaisante à lire, qui nous immerge dans son univers. Mais j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages, rendus lointains par leurs préoccupations métaphysiques. Et l’intrigue m’a paru beaucoup trop rapide. Malgré tout, je sors satisfaite de cette lecture, et je compte bien lire le troisième tome dès que possible.
Les avis des autres participants de la LC:
- Anassete