De l'éducation des enfants-Les Essais 1, 26, Montaigne
Gentilhomme humaniste de la Renaissance, créateur du genre de l'essai, Montaigne aurait pu être ambassadeur aussi bien que maire de Bordeaux. Il apprécie les questions d'histoire et de diplomatie, comme le prouvent ses premiers essais trop rarement étudiés en classe. À côté de textes célèbres comme " De l'institution des enfants ", plusieurs chapitres méconnus sont ici fournis en intégralité et en version " bilingue ", de manière à faire comprendre la cohérence et la vigueur de la pensée de cet écrivain. Au milieu des guerres de Religion qui, à la fin du XVIe siècle, assombrirent le royaume de France jusqu'à l'arrivée sur le trône d'Henri IV, avec son fameux édit de Nantes (1598), Montaigne était déjà d'une profonde modernité. Il reste intemporel en ces temps de " globalisation ", un auteur dont la lecture exigeante ne peut que stimuler en nous la réflexion et le sens de la relativité.
Mon avis: J'ai commencé ce livre dans le cadre de mes cours de français. Je m'attendais à quelque chose du genre des Caractères de La Bruyère: des remarques à n'en plus finir, concises, sur plein de sujets différents: je n'avais lu que de courts extraits des Essais. Quelle n'a pas été ma surprise d'être si totalement détrompée...
Cet essai de Montaigne, "De l'éducation des enfants" ("de l'institution des enfans", en vieux français) est presque d'un bloc; il n'y a pas de réelle séparation entre les paragraphes. Toutes les idées s'enchainent fluidement, on passe d'un sujet à l'autre presque sans s'en rende compte. J'ai beaucoup aimé cet aspect, justement, qui rendait la lecture assez facile. Lorsqu'on se limite à un seul essai, c'est aussi très vite lu. Pour la plupart, je n'ai pas trouvé à ces réflexions d'application actuelle. Mais cela ne m'a pas empêchée de trouver cette lecture agréable. Le style de l'auteur y est aussi pour beaucoup, bien sûr.
Il faut aussi parler de l'édition! Celle-ci allie translation en français moderne sur la page de droite et "version originale" (si l'on peut dire...) en face. Les notes sont claires. J'ai bien aimé m'amuser à traduire les citations latines laissées en latin à gauche (chacun ses petits plaisirs). Je pense que c'est une très bonne manière d'aborder cette oeuvre pour la première fois, cela permet d'en apprendre beaucoup sur notre langue.
Cette lecture a donc été pour moi une très bonne découverte, très enrichissante. Voilà un livre qui fait réfléchir!